Corte di Giustizia delle ComunitĂ europee (Quinta Sezione),
24 settembre 2009
C-501/08 P, MunicĂpio de Gondomar (Portugal) â Commission des CommunautĂ©s europĂ©ennes  Â
Dans lâaffaire C‑501/08 P,
ayant pour objet un pourvoi au titre de
lâarticle 56 du statut de
MunicĂpio de Gondomar (Portugal),
représenté par Mes J. L. da Cruz Vilaça et L. Pinto Monteiro, advogados,
partie requérante,
lâautre partie Ă la procĂ©dure Ă©tant:
Commission des Communautés européennes,
représentée par M. P. Guerra e Andrade et Mme B. Kotschy,
en qualitĂ© dâagents, ayant Ă©lu domicile Ă Luxembourg,
partie défenderesse en premiÚre instance,
composĂ©e de M. M. IleĆĄič, prĂ©sident de chambre, MM. E. Levits et J.‑J. Kasel (rapporteur), juges,
avocat général: M. P. Mengozzi,
greffier: M. R. Grass,
lâavocat gĂ©nĂ©ral entendu,
rend la présente
Ordonnance
1 Par
son pourvoi, le MunicĂpio de Gondomar demande lâannulation de lâordonnance du
Tribunal de premiÚre instance des Communautés européennes du 10 septembre 2008,
MunicĂpio de Gondomar/Commission (T‑324/06, ci-aprĂšs lâ«ordonnance
attaquée»), par laquelle celui-ci a rejeté comme étant irrecevable son recours
tendant Ă lâannulation de la dĂ©cision C (2006) 3782 de
Le cadre juridique
2 Selon
lâarticle 1er, paragraphe 2, du rĂšglement (CE) n° 1164/94 du
Conseil, du 16 mai 1994, instituant le Fonds de cohésion (JO L 130,
p. 1), dans sa version applicable Ă la date des faits (ci-aprĂšs le
«rÚglement n° 1164/94»), le Fonds de cohésion contribue au renforcement de
la cohésion économique et sociale de
3 Lâarticle
2, paragraphe 1, dudit rÚglement prévoit que le Fonds de cohésion fournit une
contribution financiÚre à des projets qui contribuent à la réalisation des
objectifs fixĂ©s par le traitĂ© UE, dans les domaines de lâenvironnement et des
rĂ©seaux transeuropĂ©ens dâinfrastructures de transport dans les Ătats membres
dont le produit national brut par habitant est inférieur à 90 % de la
moyenne communautaire et qui ont mis en place un programme visant Ă satisfaire
les conditions de convergence économique visées au traité CE.
4 Par
ailleurs, le rÚglement n° 1164/94 prévoit que les projets bénéficiant du
soutien du Fonds de cohĂ©sion sont choisis dâun commun accord par
Les
antécédents du litige
5 Les
faits Ă lâorigine du litige sont exposĂ©s dans les termes suivants aux points 4
Ă 9 de lâordonnance attaquĂ©e:
«4 Le 13
juillet 1995,
5 Par la
dĂ©cision C (95) 3281, du 18 dĂ©cembre 1995, adressĂ©e Ă
6 Aux termes de lâannexe 1 de la dĂ©cision susvisĂ©e, [le] MunicĂpio de Gondomar [âŠ] a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme lâautoritĂ© responsable de la rĂ©alisation du projet.
7 Ă
la suite dâune visite de contrĂŽle des travaux rĂ©alisĂ©s au Portugal et dâun
audit comptable,
8 Le dispositif de la décision est libellé ainsi:
âArticle premier
1. Le
concours maximal de 7 778 535 euros attribué au titre du Fonds de
cohésion au projet n° 95/10/61/017 par la décision C (95) 3281
[...] est supprimé en raison des irrégularités
constatĂ©es Ă lâexamen du projet en question.
2. Un montant indu de 6 222 828 euros sera rĂ©cupĂ©rĂ© par remboursement. Les modalitĂ©s du remboursement seront prĂ©cisĂ©es dans une note de dĂ©bit qui sera adressĂ©e Ă lâĂtat membre par le gestionnaire. Un solde dâautorisation de 1 555 707 euros sera libĂ©rĂ©.
Article 2
Le Portugal prend les mesures adaptées pour informer le bénéficiaire final affecté par la présente décision.
Article 3
Le destinataire de la présente
décision est
9 Par lettre reçue par [le requĂ©rant] le 25 septembre 2006, le chargĂ© dâaffaires du ministĂšre de lâEnvironnement portugais pour le Fonds de cohĂ©sion a communiquĂ© la dĂ©cision [litigieuse au requĂ©rant] en prĂ©cisant que [ce dernier] devait procĂ©der, conformĂ©ment Ă cette dĂ©cision, au reversement de lâintĂ©gralitĂ© du concours du Fonds de cohĂ©sion, dâun montant Ă©quivalant aux sommes dĂ©jĂ payĂ©es, soit 6 222 828 euros, et ce dans un dĂ©lai de 30 jours.»
La procédure devant le
Tribunal et lâordonnance attaquĂ©e
6 Par requĂȘte dĂ©posĂ©e au greffe du Tribunal le 23 novembre 2006, le requĂ©rant a introduit un recours tendant Ă lâannulation de la dĂ©cision litigieuse.
7 Par acte
séparé, déposé au greffe du Tribunal le 17 janvier 2007,
8 Par
lâordonnance attaquĂ©e, le Tribunal a rejetĂ© comme irrecevable le recours dont
il était ainsi saisi. En effet, le Tribunal a considéré que le requérant
nâĂ©tait pas directement concernĂ© par la dĂ©cision litigieuse. AprĂšs avoir relevĂ©
que celle-ci avait Ă©tĂ© notifiĂ©e Ă
9 Ă cet Ă©gard, le Tribunal a rappelĂ©, aux points 37 et 38 de lâordonnance attaquĂ©e, les conditions dans lesquelles une personne physique ou morale peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme Ă©tant «directement concernĂ©e», au sens de lâarticle 230, quatriĂšme alinĂ©a, CE, par un acte dont elle nâest pas le destinataire.
10 Ătant donnĂ© que la
dĂ©cision litigieuse ne contient aucune disposition enjoignant Ă
11 Le Tribunal a jugĂ©, au point 44 de lâordonnance attaquĂ©e, que cette conclusion nâest pas remise en cause par lâaffirmation du requĂ©rant selon laquelle, dans lâordre juridique portugais, la lettre Ă©manant du ministĂšre compĂ©tent et exigeant le remboursement des sommes indĂ»ment perçues est un acte dĂ©claratif contre lequel aucun recours contentieux nâest possible.
Les conclusions des parties
12 Par son
pourvoi, le requĂ©rant demande Ă
â Ă titre principal, dâannuler lâordonnance attaquĂ©e et de
juger recevable son recours tendant Ă lâannulation de la dĂ©cision litigieuse;
â Ă titre subsidiaire, dâannuler lâordonnance attaquĂ©e et de
renvoyer lâaffaire devant le Tribunal afin que celui-ci statue Ă nouveau.
13
Sur le pourvoi
14 Aux termes de lâarticle
119 du rĂšglement de procĂ©dure, lorsquâun pourvoi est manifestement irrecevable
ou manifestement non fondé,
15 Ă lâappui de son pourvoi, le requĂ©rant soulĂšve un moyen dâannulation unique tirĂ© dâune erreur de droit commise par le Tribunal lors de lâapplication de la condition selon laquelle la dĂ©cision faisant lâobjet du recours doit concerner «directement et individuellement», au sens de lâarticle 230, quatriĂšme alinĂ©a, CE, la personne physique ou morale ayant introduit ce recours.
16 Ce moyen
est articulé en trois branches relatives, la premiÚre, à une mauvaise
application des critÚres relatifs à ladite condition, la deuxiÚme, à un défaut
de motivation de lâordonnance attaquĂ©e au regard des arguments invoquĂ©s par le
requérant sur ce point et, la troisiÚme, à une violation du droit à une
protection juridictionnelle effective.
Argumentation des parties
17 Le
requĂ©rant fait tout dâabord valoir, en se rĂ©fĂ©rant Ă ses observations
prĂ©sentĂ©es en premiĂšre instance, quâil dĂ©coule des dispositions nationales que
18 Ensuite, le requĂ©rant soutient que lâordonnance attaquĂ©e est entachĂ©e dâun dĂ©faut de motivation. Le Tribunal ne se serait pas prononcĂ© sur les spĂ©cificitĂ©s du systĂšme juridique portugais qui seraient pourtant dĂ©terminantes en vue de lâapprĂ©ciation de ladite condition.
19 Enfin, le requérant
invoque une violation du principe de la protection juridictionnelle effective
dans la mesure oĂč il ne disposerait pas de voies de recours internes pour
contester la demande de remboursement du concours communautaire. La lettre des
autorités portugaises lui notifiant la décision litigieuse constituerait une
simple notification de la position de
20
21 AprĂšs avoir rappelĂ© les critĂšres posĂ©s par la jurisprudence concernant la condition selon laquelle la dĂ©cision faisant lâobjet du recours doit concerner «directement et individuellement» la personne physique ou morale ayant introduit celui-ci, elle souligne que, en lâespĂšce, la dĂ©cision litigieuse, adressĂ©e Ă lâĂtat membre, affecte uniquement la situation juridique de ce dernier, attributaire dudit concours. Comme il nâexiste, en droit communautaire, aucune obligation pour lâĂtat membre concernĂ© de rĂ©cupĂ©rer les fonds perdus auprĂšs du bĂ©nĂ©ficiaire final, lâobligation de restitution incombant Ă celui-ci dĂ©coulerait de lâapplication du droit national.
22 Quant au prétendu défaut
de motivation de lâordonnance attaquĂ©e,
23 Sâagissant de lâargument
tiré de la violation du droit à une protection juridictionnelle effective,
24 Ă titre subsidiaire,
Appréciation de
25 Conformément à une
jurisprudence constante de
26 Ă titre liminaire, il y
a lieu de rappeler que, en ce qui concerne le premier critÚre susmentionné, le
Tribunal a constatĂ©, au point 39 de lâordonnance attaquĂ©e, que la dĂ©cision
litigieuse, Ă lâinstar de celle en cause dans lâaffaire ayant donnĂ© lieu Ă
lâarrĂȘt du 2 mai 2006, Regione Siciliana/Commission, prĂ©citĂ©, a Ă©tĂ© adressĂ©e Ă
lâĂtat membre et «nâa pas imposĂ© Ă ce dernier lâobligation de rĂ©cupĂ©rer des
sommes auprĂšs des bĂ©nĂ©ficiaires finaux». Il a soulignĂ© que lâarticle 1er,
paragraphe 2, de la décision litigieuse prévoit seulement la récupération du
montant de 6 222 828 euros par remboursement et que, conformément aux
articles 2 et 3 de celle-ci,
27 Au point 40 de
lâordonnance attaquĂ©e, le Tribunal a constatĂ© que, dans ces conditions, la
dĂ©cision litigieuse ne contient aucune disposition enjoignant Ă
28 En ce qui concerne le
second critÚre mentionné au point 25 de la présente ordonnance, le Tribunal a
relevĂ©, au point 42 de lâordonnance attaquĂ©e, quâaucun Ă©lĂ©ment du dossier ne
permet de conclure que
29 Le Tribunal a ajouté, au
point 43 de lâordonnance attaquĂ©e, que ledit remboursement est la consĂ©quence
directe non pas de la dĂ©cision litigieuse, mais de lâaction exercĂ©e Ă cette fin
par
30 Pour ce qui concerne
plus particuliÚrement la premiÚre branche du moyen soulevé par le requérant,
selon laquelle les dispositions du droit national nâaccorderaient aucune marge
dâapprĂ©ciation aux autoritĂ©s compĂ©tentes de
31 Ă cet
Ă©gard, ainsi quâil ressort des points 42 Ă 48 du pourvoi, le requĂ©rant allĂšgue
en substance lâabsence de marge dâapprĂ©ciation dĂ©coulant du droit national pour
soutenir que ce dernier prescrit une obligation de remboursement par lâautoritĂ©
responsable en cas dâirrĂ©gularitĂ©s commises lors de la mise en Ćuvre du projet
ayant bénéficié du concours financier communautaire.
32 Or, dans la
mesure oĂč lâargumentation du requĂ©rant consiste Ă invoquer une prĂ©tendue
absence de marge dâapprĂ©ciation dĂ©coulant du droit national et non pas de la
réglementation communautaire, elle repose sur une lecture erronée du droit
communautaire, tel quâinterprĂ©tĂ© par la jurisprudence citĂ©e au point 25 de la
prĂ©sente ordonnance et, partant, la premiĂšre branche du moyen doit ĂȘtre rejetĂ©e
comme manifestement non fondée.
33 Sâagissant
de la deuxiĂšme branche du moyen, tirĂ©e dâun prĂ©tendu dĂ©faut de motivation de
lâordonnance attaquĂ©e, il y a lieu de rappeler que, selon une jurisprudence
constante, lâobligation pour le Tribunal de motiver ses dĂ©cisions, en vertu des
articles 36 et 53, premier alinéa, du statut de
34 Or, il
importe de constater que, en lâespĂšce, le Tribunal a clairement indiquĂ©, aux
points 39 Ă 43 de lâordonnance attaquĂ©e, les raisons pour lesquelles il a
considĂ©rĂ© que lâobligation de remboursement incombant au bĂ©nĂ©ficiaire final ne
rĂ©sultait ni de la dĂ©cision litigieuse elle-mĂȘme ni dâune quelconque
disposition du droit communautaire ayant vocation Ă rĂ©gir les effets dâune
telle décision.
35 Ătant donnĂ©
que, ainsi quâil rĂ©sulte des points 30 Ă 32 de la prĂ©sente ordonnance, la
question de savoir dans quelle mesure les dispositions du droit national
limitent la marge dâapprĂ©ciation dont dispose lâĂtat membre concernĂ© nâest pas
pertinente au regard du prĂ©sent litige, il ne saurait ĂȘtre reprochĂ© au Tribunal
dâavoir violĂ© lâobligation de motivation lui incombant Ă cet Ă©gard.
36 Par conséquent, il y a également lieu de rejeter la deuxiÚme branche du moyen soulevé par le requérant comme manifestement non fondée.
37 Enfin, contrairement Ă ce que fait valoir le requĂ©rant dans le cadre de la troisiĂšme branche de son moyen, la conclusion Ă laquelle a abouti le Tribunal en ce qui concerne la condition selon laquelle la dĂ©cision faisant lâobjet du recours doit concerner «directement et individuellement» la personne physique ou morale ayant introduit celui-ci nâentraĂźne pas une absence de protection juridictionnelle effective.
38 En effet,
sâil est de jurisprudence constante que les particuliers doivent pouvoir
bĂ©nĂ©ficier dâune protection juridictionnelle effective des droits quâils tirent
de lâordre juridique communautaire (arrĂȘts du 25 juillet 2002,
UniĂłn de Pequeños Agricultores/Conseil, C‑50/00 P, Rec. I‑6677,
point 39; du 1er avril 2004, Commission/JĂ©go-QuĂ©rĂ©, C‑263/02 P,
Rec. p. I‑3425, point 29, et du 22 mars 2007,
Regione Siciliana/Commission, précité, point 39), le droit à une telle
protection ne saurait toutefois remettre en cause les conditions posĂ©es Ă
lâarticle 230, quatriĂšme alinĂ©a, CE (voir arrĂȘt
Commission/Ente per le Ville vesuviane, précité, point 65).
39 Ă cet
Ă©gard, il convient de rappeler que la protection juridictionnelle des personnes
physiques ou morales qui ne peuvent pas, en raison des conditions de
recevabilitĂ© prĂ©vues Ă lâarticle 230, quatriĂšme alinĂ©a, CE, attaquer
directement des actes communautaires du type de la décision litigieuse doit
ĂȘtre assurĂ©e de maniĂšre efficace par les voies de recours devant les
juridictions nationales. Celles-ci sont, conformément au principe de
coopĂ©ration loyale Ă©noncĂ© Ă lâarticle 10 CE, tenues dâinterprĂ©ter et
dâappliquer, dans toute la mesure du possible, les rĂšgles internes de procĂ©dure
gouvernant lâexercice des recours dâune maniĂšre qui permette auxdites personnes
de contester en justice la légalité de toute décision ou de toute autre mesure
nationale relative Ă lâapplication Ă leur Ă©gard dâun acte communautaire tel que
celui en cause, en excipant de lâinvaliditĂ© de ce dernier et en amenant ainsi
ces juridictions Ă interroger Ă cet Ă©gard
40 Dans ces
circonstances, le Tribunal a jugĂ© Ă bon droit, au point 45 de lâordonnance
attaquĂ©e, que lâexigence dâune protection juridictionnelle effective ne saurait
aboutir Ă Ă©carter la condition Ă©noncĂ©e Ă lâarticle 230, quatriĂšme alinĂ©a, CE,
selon laquelle la dĂ©cision faisant lâobjet du recours doit concerner
«directement et individuellement» la personne physique ou morale ayant
introduit celui-ci.
41 Par conséquent, il y a également lieu de rejeter la troisiÚme branche du moyen soulevé par le requérant comme manifestement non fondée.
42 Aucune des branches du moyen unique invoquĂ© par le requĂ©rant au soutien de son pourvoi nâĂ©tant susceptible dâĂȘtre accueillie, celui-ci doit ĂȘtre rejetĂ© comme non fondĂ©.
Sur les dépens
43 Aux termes de lâarticle
69, paragraphe 2, du rÚglement de procédure de
Par ces motifs,
1) Le pourvoi est rejeté.
2) Le MunicĂpio de Gondomar
est condamné aux dépens.
                   (Seguono le firme)